💢 Un Roi de vérité…
C’est la fin de l’année liturgique. La semaine prochaine commencera une nouvelle étape avec le premier dimanche de l’Avent.
L’année se clôt en reconnaissant que Jésus est roi. Un roi très particulier. Nous allons contempler celui que nous avons transpercé. Le récit du procès de Jésus nous montre pourquoi nous avons agi ainsi. Jésus, dans sa passion, est faussement accusé de vouloir se faire roi sur Israël, s’opposant ainsi à la royauté de l’empereur: il n’y a pas d’autre roi que César. La royauté de Jésus lui vient du Père. Sa royauté ne s’exerce pas par la force. Ce roi dit de nous que nous ne sommes pas des serviteurs mais des amis. Son royaume n’est pas un territoire. Son royaume est une manière d’être, une manière de vivre, une présence au cœur du monde. Jésus affirme que son règne est un règne de vérité, il s’établit par la vérité. Dieu veut régner sur nos existences.
Servir la vérité, c’est accepter la silencieuse présence nécessaire comme un prélude à son établissement. Cette Vérité n’est autre qu’un message d’amour universel et de pardon, donnant à tous ceux qui partagent sa vie de partager un jour sa gloire.
💢 Des mots pour la mémoire…
On reproche souvent à la liturgie d’induire ennui et lassitude provoqués par la répétition des mots et rites. Pourtant, personne ne s’étonne des mêmes répétitions que comporte notre vie quotidienne. En effet, il en va de l’identité de la mémoire, les mots et les gestes rituels étant de puissants moyens de sociabilité et de structuration.
La foi chrétienne a donc besoin de mots pour se dire comme pour exprimer une relation à Dieu et aux autres. Elle a besoin des mêmes mots pour construire une communauté humaine qui, dans la liturgie, s’édifie comme Corps du Christ. Quand les chrétiens répètent de dimanche en dimanche: «Seigneur, prends pitié»; «Alléluia»; «Je crois en Dieu»; «Notre Père»; «Amen», etc… ils s’identifient à l’Église qui prie son Seigneur, construisent une communauté de foi et une communion fraternelle. Imaginons ce que serait une liturgie où chacun utiliserait le langage qui lui convient. L’Église ne serait qu’une juxtaposition d’individus et la liturgie mènerait à sa ruine le Corps du Christ.
L’autre enjeu tient à la mémoire. La foi est mémoire et l’on croit comme on se souvient. Par opposition au croyant, l’idolâtre est oublieux; il vit dans l’immédiateté de ce qu’il adore et l’oublie aussitôt pour s’accrocher à une autre idole. Dans la Bible: «Souviens-toi»! La foi est structurée par la mémoire vive des paroles de Dieu et ses interventions dans l’histoire des hommes. La foi n’est pas possible sans tradition, sans transmission, sans répétition des mots. Toute action liturgique est une opération de mémoire. Nous sommes toujours tentés de changer les mots de la prière et de la liturgie. Le risque est de faire des amnésiques, alors que le chrétien est fondamentalement un être d’anamnèse, de mémoire.